La reconstruction: deuxième phase de la contre-insurrection pour le gouvernement syrien.
Avec la reprise d'Alep, le gouvernement syrien finalise un de ses objectifs stratégiques: sécuriser la "Syrie utile". Cet objectif, dont les prémisses dataient de 2012 avec la reprise militaire des regions autour de la capitale Damas, ne fut possible sans un appui de l'axe Russo-Iranien dont la consolidation a pu d'une part, pallier le manque en hommes et en force de frappe de de l'armée syrienne causée par son erosion depuis le debut de la crise. D'autre part, l'appui politique de cet axe mené par la partie d'échec du president Vladimir Poutine a pu conduire à un changement de camp de certaines puissances régionales notamment celui de la Turquie d'Erdogan (Ce dernier n'a pas hésité a condamner la coalition dirigée par les Etats Unis de fournir de l'aide a Daesh) avec laquelle un cessez-le feu général est en cours d'application dans l'ensemble du pays (certaines factions telle que Jaysh el Islam ou encore Ahrar el Sham ont accepté de signer).

Si la bataille d'Alep annonce la fin des operations militaires majeures sur le sol syrien (cela ne nie pas la prise de certaines regions villes comme Palmyre ou encore la vallée de barda afin de sécuriser la source majeure d'eau potable de la capitale), une deuxième phase se profile devant le gouvernement syrien qui est celle de la reconstruction.
Estimé à plus de 180 milliards de dollars (d'après une estimation de la banque mondiale datant de mi-2016), le marché de la reconstruction syrienne attire déjà la convoitise des entreprises occidentales (dès 2013, l'ambassadeur français au Liban déclarait que les entreprises françaises guettaient les opportunités économiques présentes au sein du voisin levantin). Pour le gouvernement syrien, cette phase constitue un veritable chantier dans sa compagne de contre-insurrection dans un contexte semblable a celui dont a fait face les forces Américaines suite à l'occupation de l'Irak.
L'exemple majeur montrant l'importance de la reintroduction des travaux publics dans le cadre d'une campagne de contre insurrection est celui du concept SWET (Sewage, Water, Electricity, Trash collection) mis en place à Sadr City par le général Peter Chiralli dans un contexte d'affrontements sectaires entre milices Shiites et sunnites. Ce concept, permettant de restaurer l'infrastructure de la ville a l'aide d'ouvriers locaux avait conduit, durant sa période d'application, à une diminution significative de la violence à Sadr city (avant que le general Casey et l'ambassadeur John Negroponte decident d'allouer ces fonds vers l'entrainement de l'armée Irakienne).
Ainsi, il serait dans l'interêt du gouvernement syrien de profiter du cessez le feu afin de commencer, à l'aide des alliés régionaux ainsi qu'aux ouvriers locaux, dans la restauration des infrastructures publiques dans un premier temps dans sa zone d'influence avant de généraliser le processus dans l'ensemble du territoire syrien (certainement avec un appui arabe et international suite à la reconciliation politique). Ceci rajoutera certainement une carte supplémentaire dans les futures négociations politiques avec l'opposition tout en profitant de l'appui de l'axe Russo-Iranien dont l'efficacité fut questionnée par Washington dans le passé.