Le pragmatisme Macronien à l'épreuve de la New Iran Strategy
A travers une déclaration médiatique particulièrement virulente à l'égard du régime de Téhéran, durant laquelle le JCPOA (Joint Compréhensive plan Of Action) fut décrit comme "l'un des pires et des plus unilatéraux que les Etats Unis ont jamais conclu", le président Américain à annoncé sa décision de ne pas certifier l'accord sur le nucléaire conclu par son prédécesseur Barack Obama. De plus, Trump avait annoncé une série de sanctions contre les gardiens de la révolution, accusés de "soutenir le terrorisme", tout en autorisant le département du trésor à appliquer davantage de sanctions vis à vis de ses responsables, agents et affiliés (mentionnant implicitement le Hezbollah libanais)
Cette déclaration, qui peut être interprétée comme une manœuvre médiatique, permet au président Trump (i) d'honorer une promesse électorale tout en transférant le débat au sein du congres (ii) de transformer cet accord en un outil de pression politique qu'il peut utiliser face à un adversaire régional, qui ne cesse d'accumuler des cartes dans la région, lors de futures négociations.
A l'international, les réactions aux déclarations de Trump ne furent pas attendues très longtemps. Les rivaux régionaux de Téhéran, à savoir Tel Aviv et Riyad, ont exprimé leur soutien à ces nouvelles mesures (au travers d'une série de tweets de la part du ministère des affaires étrangères saoudien puis via les déclarations du ministre d'état aux affaires du golfe arabique Thamer al Sabhan à l'égard de Hezbollah).
Cependant, d'autres acteurs de la JCPOA, particulièrement les Européens, ne partageaient pas l'avis et l'enthousiasme du président américain et ce via deux canaux : (i) la Chef de la diplomatie Européenne Frederica Mogherini n'a pas hésité à rappeler au président Américain que les Etats Unis n'avait pas le droit de mettre fin à l'accord de façon unilatérale (ii) lors d'une déclaration jointe, les dirigeants Français, Anglais et Allemands ont encouragé l'administration et le congrès américain a prendre en considération les conséquences qu'aurait cette décision pour la sécurité des Etats-Unis et de leurs alliés tout en invitant Téhéran à cesser les actions de déstabilisation.
En France, Si le pragmatisme et le dynamisme du Président Macron ont permis un repositionnement général de la France sur les divers dossiers de la Région MOAN à travers (i) la Médiation entre les deux camps libyens (ii) la nomination de l'ambassadeur Bertrand Besancenot comme émissaire du Quai d’Orsay au Moyen Orient afin de remédier à la crise du golfe et enfin (iii) la proposition de médiation entre Baghdâd et Erbil adressée au premier ministre Irakien Haider Al-Abadi lors de la récente visite à Paris.
Concernant le dossier iranien, le pragmatisme de l'administration Macron a fait le choix de poursuivre son ouverture sur Téhéran, débutée sous l'ère Hollande. Ainsi, la reprise des contacts entre Paris et Téhéran fut accompagnée par un intérêt grandissant des grandes entreprises françaises pour les opportunités qu'offre le marché iranien (certaines d'entres elles n'ont jamais renoncé à leur présence en Iran au plus fort des tensions entre les deux capitales). L'état français n'a pas hésité à venir en aide à ces entreprises et ce, à plusieurs niveaux notamment par l'établissement de structures publiques suite à la levée des sanctions comme Business France ou encore le Centre Français des Affaires à Téhéran (un partenariat entre le MEDEF International et l'ADIT). Cependant, cette nouvelle "Iran Strategy" risque de mettre ce pragmatisme à rude l'épreuve. Certes les premiers signaux pourraient montrer un clair appui de l'administration Macron à Téhéran à travers (i) l'entretien téléphonique entre les deux chefs d'états évoquant un voyage possible du président français vers la capitale iranienne (une première 1971) et (ii) les déclarations des responsables français sur l'attachement au JCPOA. Toutefois, on se demanderait bien jusqu’où l'administration Macron serait capable de persister sur cette voie dans un contexte où (i) le rétablissement de sanctions unilatérales de la part des Etats Unis reste encore une possibilité qui n'est pas à négliger sur le moyen terme et que (ii) l'affrontement entre les puissances régionales, Riyad et Téhéran, reste toujours d'actualité.