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Jean Yves Le Drian à Téhéran... une visite reportée mais nécessaire

La visite du Ministre Français de l'Europe et des Affaires Etrangères Jean Yves le Drian à Téhéran, initialement programmée pour le 5 janvier, à été reportée suite à un commun accord entre les deux présidents. Ceci dans un contexte où l'administration Rouhani fait face à des mouvements contestataires frappant l'ensemble du pays.


Pourtant, cette brève visite de 24 heures, durant laquelle le déplacement officiel du Président Macron serait évoqué, s'avérait essentielle pour les deux parties. D'une part, la visite s’insérait dans le cadre d'une vision pragmatique et équilibriste du président Macron en matière de politique étrangère surtout qu'après les visites à Riyadh puis à Doha, qui représentent deux axes majeurs de la région, il était nécessaire de passer par Téhéran. D'autre part, elle permettait à l'administration Rouhani de capitaliser sur son ouverture politique et économique pour des raisons politiques internes.


Ainsi, la complexité du contexte géopolitique régional s'est conjugué avec une fragilité des relations franco-iraniennes comme en témoigne l'attitude des officiels iraniens lors de la 4e session du dialogue politique entre la France et l'Iran tenue en décembre dernier au Quai d'Orsay. En conséquence, cette situation rend nombreux les sujets à traiter aussi bien au niveau géopolitique qu’économique.


Au niveau politique, les Iraniens justifient la fragilité des relations avec la France par le positionnement des officiels français sur (i) l'implication jugée "agressive" de Téhéran dans les dossiers régionaux, en particulier dans le conflit syrien et (ii) sur le programme de missiles balistiques iraniens que le président Macron a appelé à l'inclure lors de prochaines négociations. Ces propos, jugés hostiles par Téhéran, ont valu au Président Macron d'être qualifié de "toutou du Trump" par Ali Akbar Velayati, principal conseiller du guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei.


Au niveau économique, si l'administration du président Rouhani a fait le choix d'abandonner plus de 100 milliards de dollars d'investissements dans le programme nucléaire au profit d'une ouverture de son marché dans un contexte post JCPOA. Celle-ci se trouve désormais confrontée au risque de snapback si le Président Trump décide de ne pas certifier l'accord sur le nucléaire courant janvier, ce qui lui permettra en conséquence de restaurer des sanctions par l'obtention d'une simple majorité au congrès.


Coté européen, même si Paris s'affiche comme étant un défenseur de la JCPOA toutefois, l'empreinte de l'industrie française en Iran reste timide. En effet, face à la multitude de démarches en vue de développer les affaires persanes se dresse une certaine réticence de la part des établissements financiers. Cette situation, principalement due à la fermeté américaine qui (i) interdit toujours les transactions en dollars et (ii) qui restreint les relations commerciales via l'application de "l'International Emergency Economic Powers Act", rend en conséquence Washington "maitre du jeu" en ce qui concerne l'ouverture du marché iranien.


Cette situation, loin de l'Eldorado promis, a conduit certaines firmes occidentales notamment françaises à envisager ou à entamer leur retrait du marché de peur d'être soumises à d'éventuelles sanctions américaines.


L’ensemble de ces sujets, essentiels pour les deux parties, attendront la résolution des problèmes intérieurs iraniens qui semblent se profiler si l'on tient compte des déclarations officielles iraniennes. De plus, l'entretien téléphonique entre les Présidents Macron et Rouhani semble indiquer une volonté de renfoncer la relation bilatérale. Elle sera sans doute impactée par la visite parisienne du Prince héritier Mohammed Ben Salmane, prévue fin février/début mars.

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